novembre 13, 2015

A vous qui avez perdu la vie, reposez en paix. A vous qui êtes en vie, aimez-vous.



Je n’ai jamais trop aimé voir arriver le 13 du mois, mais j’ai toujours fait avec parce que mine de rien il arrive chaque mois de chaque année alors après tout.
Puis ce vendredi, ce vendredi 13, je me suis réveillée mal, très mal, si mal que j’ai annulé des rendez-vous, je m’en voulais presque, mais j’étais mal…des vertiges, une sensation de mal être, un besoin de confinement chez moi.
Je n’ai pas travaillé, je n’ai d’ailleurs même pas cherché à faire quoi que ce soit de la journée, à croire que j’attendais…
Le vendredi, je sors dès que je le peux, parce que le vendredi c’est ce jour où l’on peut sortir, faire la fête, voir ses amis, oublier aussi parfois ses soucis, ses inquiétudes, ses déboires amoureux, sa vie et ses contraintes, boire beaucoup voir même beaucoup trop, se détendre, se coucher tard, très tard, trop tard et être mal le samedi et même le dimanche, mais on s’en fout, c’est vendredi alors on fait n’importe quoi…on vit à Paris, ville lumière, on se croit même tout permis, alors on sort et on se fait engueuler parce qu’on parle trop fort dans la rue, parce qu’on est dehors avec nos verres, on danse n’importe comment, on chante faux, on est avec des amis et parfois mêmes des gens qui ne sont pas nos amis, mais qui, le temps d’une soirée le deviennent, mais on s’en fout on est heureux, et puis on raconte n’importe quoi à n’importe qui et on pense même parler toutes les langues, mais on s’en fout on est heureux.
Oui le Vendredi, on est forcément heureux, le vendredi on fait ce break dont on a tous besoin pour reprendre sa vie et ses soucis le Lundi.
Et puis ce vendredi soir, cette amie qui t’appelle, cette amie qui te cite ce restaurant dans lequel tu aimes aller, dans lequel tu aurais pu être, dans lequel j’aurais dû être…allumer la tv et faire face au sang, à des corps, à un nombre de cadavres qui augmente de minutes en minutes, se rendre compte que ces corps c’est vous, c’est nous, un ami, un pote de potes, un voisin, un frère, une soeur, un cousin, bref quelqu’un que tu connais de près ou de loin ou même ce mec croisé un soir et qui parlait trop fort, ou même cette nana croisée un soir et qui avait son verre dans la rue…parce que c’est vendredi, ce soir qui nous appartient un peu finalement…mais au final qui ? des gens peut-être cons parfois à faire trop de bruit, mais surtout des gens juste heureux de vivre. Mais ? Et puis quoi ? c’est mal ça ?!?!
Ce resto, cette salle de concert, ces bars, ce stade, ce sont ces lieux qui nous sont si familiers pour nous Parisiens, parce que nous avons tous été amenés à passer devant, à parfois même s’arrêter dedans et soudain il s’agit d’un lieu de crime, d’horreur…ces images de la sortie de secours du Bataclan, cette femme enceinte accrochée à une fenêtre qui demande de l'aide...cet homme qui agonise par terre et qu’on peut voir essayer de se servir de son téléphone, cet homme qui essaie de s’enfuir en boitant, cet autre qui traine un homme à bout de bras…toi, moi, nous.
Tant d’images indescriptibles.
Je n’ai « dormi » que 2h cette nuit, je me suis réveillée dans un silence de douleur « bercé » par des sirènes, sirènes qui retentissent encore régulièrement. Je ne me suis toujours pas recouchée car je ne sais plus comment réagir, penser, espérer.
Et puis c’est bête, mais je ne me suis ni coiffée, ni maquillée aujourd’hui…oui c’est bête, complètement con même comme remarque, mais pour quoi faire en même temps ? La réalité est si laide.
Je n’ai plus de mots.
J’ai peur, oui j’ai peur et je tremble, oui je tremble.
Je me sens si petite.
* A vous qui avez perdu la vie, reposez en paix. A vous qui êtes en vie, aimez vous *